Bonjour bonjour!
Je voulais intituler l’article Money Talk, mais j’avais peur de me faire rabrouer par les défenseurs de la loi 101 alors vous héritez de Parlons Bidous. Pour les plus jeunes ou les gens de l’internationale, au Québec, on utilise parfois le terme bidou pour parler d’argent (ex. Avoir ben des bidous = avoir beaucoup d’argent). Bref, j’avais le goût de parler de budget avec vous aujourd’hui. Comme vous le savez, je fais un suivi de mes dépenses depuis plus de dix ans, et c’est ce qui me permet de voyager autant, tout en épargnant pour ma retraite (je suis pigiste donc je n’ai pas le choix de financer moi-même mes REER). Il faudrait justement que je vois un conseiller financier pour comprendre comment mieux investir, mais j’ai de la difficulté à faire confiance à des étrangers pour gérer mon argent. On entend tellement d’histoires qui ont mal tournées! Si vous avez des conseillers à me référer à Montréal, je suis toute ouïe!
Donc, aujourd’hui, ce n’est pas de finances ou d’investissements dont je veux vous parler, mais plutôt de la façon dont je tiens mon budget. Dans son livre En as-tu vraiment besoin, Pierre-Yves McSween recommande d’avoir accumulé deux années de salaire à 35 ans. Est-ce que c’est votre cas?
**Avertissement : je parle de MA situation dans cet article. Le but n’est pas de juger personne ou de me faire juger sur mes choix de vie (je n’ai pas d’enfant ou de propriété). Je vous expose tout ça au cas où vous aimeriez budgéter pour augmenter votre épargne, vous acheter une maison ou partir faire le tour du monde. Ce sont mes trucs, ma façon de faire. Je n’insinue pas que c’est la meilleure, c’est tout simplement ce qui fonctionne pour moi. Aussi, si vous aimeriez avoir plus d’informations (parfois quand je m’emballe sur un sujet, je peux ne pas être très claire), laissez-moi vos questions dans les commentaires!)**
Je suis personnellement économe de nature, mais aussi, ma situation de pigiste m’oblige à l’être. Je ne sais jamais quand le show sur lequel je travaille sera annulé par le diffuseur ou quand la maison de production qui m’embauche mettra la clé dans la porte (ces deux scénarios me sont arrivés à maintes reprises malheureusement). Lorsque je suis arrivée à Montréal après mes deux années de collège, j’ai tout de suite commencé à mettre de l’argent de côté pour rembourser mes parents. Je suis incroyablement privilégiée d’avoir pu poursuivre l’éducation de mon choix sans accumuler de dettes. Mes parents se sont occupés de tout, mais étant la fille indépendante que je suis, je tenais absolument à les rembourser. Ma première année et demi à Montréal a été super difficile. Je ne trouvais pas d’emploi dans mon domaine alors je travaillais au salaire minimum, à temps partiel, dans une pharmacie et comme préposée au petit-déjeuner dans un hôtel. Malgré ça, je budgétais et j’arrivais à mettre de l’argent de côté (j’explique un peu comment dans cet article : Économiser gros). J’étais sur le bord d’abandonner mon rêve de travailler en télé lorsque j’ai reçu l’appel d’une de mes anciennes collègues de classe qui m’offrait de venir rencontrer sa boss pour une entrevue. Fait cocasse, quand je suis allée passer l’entrevue, j’ai vu que mon nom était déjà sur l’horaire affiché au babillard. Bref, 18 mois après l’obtention de mon diplôme, je commençais à travailler en télé pour 16$/heure (à temps partiel). J’étais sur un nuage! C’est là que j’ai pu commencer à voyager, mais en m’assurant tout de même de continuer à mettre des sous de côté. Dix-huit mois de plus et je remettais un chèque de 20 000$ à mes parents. Ils l’ont toutefois gentiment refusé, mais bon, il est encore dans mon compte au cas où. Ils pourront toujours me le redemander dans 15 ans, je n’ai pas l’intention d’y toucher. 😛
Toute cette histoire pour vous dire qu’il n’est pas nécessaire de faire 70 000$/année (my god je dirais pas non par exemple lol!) pour économiser. J’ai gagné moins de 30 000$ les huit premières années de ma carrière et rien ne garanti que je ne retomberai pas sous ce seuil un jour. Malgré tout, j’ai dépassé la recommandation de Pierre-Yves McSween longtemps avant de lire son livre. En fait, je pensais que tout le monde économisait comme moi. J’étais loin de me douter qu’autant de gens vivait en étant endettés!
Pourtant, je ne me prive de rien, je vais au resto toutes les semaines, j’ai un iPhone et je voyage tous les ans parce que ce sont des choses qui me rendent heureuse. Toutefois, je ne magasine pas, je ne fréquente pas les bars (parce que je n’aime pas ça) et j’habite en appartement (parce que j’aime la flexibilité et l’aspect zéro soucis de la chose). Mes choix reflètent mes valeurs, et mon budget me permet de suivre l’évolution de ceux-ci, et de ré-ajuster au besoin.
Justement, parlons-en de ce budget (en passant, c’est ma soeur qui a créé le document il y a longtemps, je suis pas mal moins compétente qu’elle avec excel!). Chaque catégorie a sa couleur. Les premières lignes sont réservées aux dépenses mensuelles telles que :
- l’habitation : le loyer, les assurances et l’électricité
- les communications : internet à la maison, forfait cellulaire
- les dons : je fais des versements mensuels à Équiterre, la SPCA et Médecins sans frontière depuis 4 ans
- l’activité physique : les gyms
- les transports : la voiture (j’ai tellement hâte qu’on s’en débarrasse!), les assurances, l’essence, les parcomètres et le transport en commun
Le reste du tableau est séparé par différentes catégories d’achats. Je garde mes factures (à part Vrac et Bocaux et LOCO, toutes les entreprises impriment encore les factures. Si vous les refuser, ils les jettent simplement à la poubelle pour vous) et les comptabilise chaque week-end :
- l’épicerie : tout ce qu’on achète pour cuisiner
- les restos (incluant les cafés!)
- la pharmacie : médicaments et tout ce qu’on achète pour la maison comme le papier de toilette, les remplissages de savon à vaisselle ou à lessive, le shampoing, etc.
- la santé : ostéopathe, dentiste, prises de sang, etc.
- les vêtements : catégorie tellement inutilisée dans mon cas qu’elle pourrait carrément sauter…
- autres : coiffeuse, cadeaux, billets d’avion, airbnb, etc.
Je n’ai pas de chiffre précis pour aucune de ces catégories, mais j’ai une idée du montant idéal pour l’épicerie et les restos (les deux catégories les plus utilisées dans mon cas). J’essaie de garder notre facture d’épicerie entre 350 et 400$/mois (donc entre 175 et 200$ chaque) et les restos sous la barre des 100$ (pour moi seulement, je ne gère pas l’argent de mon chum). L’été dernier, c’était facilement le double de ça, et en voyage, ça fluctue beaucoup aussi.
Les dernières lignes dans le bas du document sont réservées aux rentrées d’argent : ma paie net et les retours d’impôt (fingers crossed ahah!). L’idée, évidemment, est d’arriver avec un plus gros montant dans la section «dépôts» que «retraits». Je vise généralement une différence d’environ 800$. Certains mois comprennent trois paies plutôt que deux alors ce n’est pas un chiffre auquel je tiens mordicus, mais ça me donne une idée. À la fin de l’année, je veux avoir mis au moins 5 000$ dans mes REER et 5 000$ dans mes CELI (je ne veux pas tout placer dans mes REER au cas où nous voudrions acheter une propriété dans les prochaines années. J’ai depuis longtemps dépasser la limite du RAP…). Je sais que ce n’est pas recommandé, mais je ne fais pas de versements mensuels, je préfère accumuler dans mon compte et faire un gros virement. Ma paie varie grandement d’un contrat à l’autre alors je préfère me charger de mon épargne de façon plus personnalisée. Toutefois, si vous êtes du genre à tout dépenser lorsqu’il y a des sous dans votre compte en banque, je vous suggère fortement de faire des virements automatiques à partir de votre paie vers vos comptes d’épargne. Puisque vous ne verrez pas l’argent dans votre compte courant, vous ne vous sentirez pas privés.
J’ai aussi un compte voyage, mais c’est un peu inutile parce que je paie mes dépenses *voyage* simplement de mon compte courant. Je suis à veille de le renommer «Tour du monde éventuel». Pour le moment, si j’ai un extra, ça va là-dedans, mais c’est rare que j’ai des extras depuis mon changement de carrière. Oh well, la paix d’esprit et l’horaire stable vaut amplement la réduction de salaire.
Si vous arrivez plus souvent qu’autrement dans le moins à la fin du mois, il faudrait peut-être réévaluer certaines dépenses. La question «En as-tu vraiment besoin?» prend tout son sens à ce moment-là. Une nouvelle garde-robe chaque saison? Les manucures mensuelles? Les teintures en salon? Les parties de golf hebdomadaire? Les frappuccinos quotidiens? Les sandwichs à 10$ tous les midis? Les vendredi ciné? Les achats impulsifs sur le web? À moins de faire partie du 6% des Québécois qui gagnent plus de 100 000$ par année, il faudra choisir ou couper dans l’gras comme on dit. Si vous souhaitez épargner du moins, sinon vous ferrez ben ce que vous voulez.
Tout l’argent accumulé en dehors de mon REER est également mon coussin, ou mon fond d’urgence si vous préférez (Pierre-Yves McSween appelle ça un Fuck Me Fund, ce que j’adore ahah!). Si je perds mon emploi (ou que mon contrat n’est pas renouvelé ou que je n’aime plus ça et je veux changer) et que je mets du temps à en trouver un nouveau, ou si, pour une raison quelconque, je ne suis plus en mesure de travailler pendant un certain temps, cet argent me permettra de vivre pendant plusieurs mois. Je suis pas mal certaine que mon chum ne me mettrait pas à la rue si je n’arrivais plus à assumer ma part du loyer, mais je préfère de loin être indépendante et pouvoir subvenir à mes propres besoins. J’ai de la difficulté à le laisser payer mon repas d’anniversaire alors imaginez le loyer…
Et voilà comment je fonctionne avec mon argent depuis 13 ans, et comment je peux voyager tout en économisant pour le futur. Je suis curieuse de savoir si vous tenez un budget ou pas? Si jamais vous aimeriez utiliser le document Excel que j’utilise, vous pouvez le télécharger en cliquant ici.
À bientôt!
alexe